Je viens de finir Bonjour tristesse, le roman « culte » de Françoise Sagan. Un sentiment banal: la déception. Pourquoi ?
– tout d’abord, il y a le mythe. Le titre est souvent suffisant à évoquer quelque chose plus ou moins précis. Parfois on ne sait pas de quoi il s’agit mais on sent qu’on devrait le savoir.
– ensuite il y a la préface et le commentaire en quatrième de couverture, un livre « scandale » écrit en 1954, une représentation de ce que serait « la deuxième moitié du XXe siècle […] à l’image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir ». Le mythe est confirmé, on s’attend à un écrit révélateur, un chef d’oeuvre qui nous laisserait pantois, une petite merveille.
J’ai donc attaqué le roman avec l’excitation de bientôt rentrer en extase (un peu comme quand j’avais commencé l’Insoutenable légèreté de l’être de Kundera)… mais rien de cela ne s’est produit. Le roman devait être terriblement osé et original pour l’époque mais l’héroïne, une adolescente qui vit une série de découvertes fondamentales (son corps, la complexité des humains, des sentiments, la tristesse, l’envie, …), peine à paraître crédible dans son rôle mal interprété: manipulatrice et d’une lucidité qui tranche avec son inexpérience de la vie.
La première réaction serait de crier à la supercherie. Mais finalement, le mythe n’en était peut-être pas, et la préface n’engage que « Pocket » qui aimerait encore voir s’écouler beaucoup d’exemplaires. Ce qui est certain, c’est que la deuxième moitié du XX siècle ne ressemble sûrement pas à cette adolescente qui peine à rester dans son rôle. (note: 5/10)