Ce dernier film des frères Coen est divertissant… Une belle affiche (George Clooney, Brad Pitt, John Malkovich), une situation burlesque (des fichiers top secrets détournés par une employée d’un club de gym), une société américaine qui affiche ses travers et ne se prend pas au sérieux. Si le film passe dans la joie et la bonne humeur, on ne peut s’empêcher de penser, dès le début du générique de fin, qu’on risque de l’oublier très vite. Moins fouillé (et plus soft) que No Country Fol Old Men mais efficace quand même. (note : 4/5)
Catégorie : ciné
L’Oeuf du Serpent
The Serpent’s Egg (1977), du maître suédois Ingmar Bergman, nous plonge dans le Berlin des années 1920, en proie à l’inflation galopante, la misère et le désespoir. À travers le regard d’un juif américain, chômeur et alcoolique, Bergman nous montre une société rongée par le vice et la peur. Les signes avant-coureurs de l’inévitable ascension de Hitler au pouvoir sont déjà visibles : une extrême droite de plus en plus présente et les prémices de l’expérimentation humaine poursuivie par les nazis. Si l’atmosphère remplie d’angoisse et de peur est superbement mise en scène, dommage que la fin soit presque un peu trop facile en montrant une situation décadente dont le nazisme semblait être l’inévitable achèvement. A voir. (note : 4/5)
Je Veux Voir
Je Veux Voir, dernier film du duo libanais Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige, semble passionnant sur le papier : Catherine Deneuve parcourt le Liban quelques semaines après la guerre de 2006 en compagnie d’un acteur libanais. Le film est censé être l’histoire d’une rencontre dans un contexte, une sorte de démonstration du pouvoir du cinéma après une catastrophe. Malheureusement cette alchimie d’une rencontre inattendue et imprévisible ne voit pas le jour et on regarde, impuissants, une Catherine Deneuve complètement silencieuse, voire apathique, en compagnie d’un acteur plus silencieux qu’elle. Les échanges se limitent aux banalités d’usage (je mets ma ceinture, j’allume une cigarette). Le réalisateur (en personne après la projection) explique son choix par une volonté d’afficher une icône du cinéma dans un contexte de violence sans faire intervenir les mots et tout en insistant sur la rencontre de deux personnages. Mais la rencontre est ratée et on s’interroge sur l’intérêt de voir sans comprendre. Fiasco alors que tous les ingrédients d’un excellent film-documentaire étaient réunis. (note : 1/5)
L’Echange
L’Echange (ou Chageling), dernier film de Clint Eastwood qui raconte la lutte d’une mère pour retrouver son fils disparu dans l’Amérique des années 20 commence par décevoir : vous espériez voir John Malkovich comme le promet l’affiche ? Vous le verrez, mais pas plus que quelques dizaines de secondes à travers tout le film dans un rôle plus que mineur. Vous avez entendu parler d’Angelina Jolie comme une des muses d’Hollywood? Déchantez, son visage plastique entièrement peine à susciter l’émotion… alors que ce n’est pas ce qui manque dans cette (malgré tout) brillante mise en scène d’une tragédie basée sur un fait réel. On retrouve ce plaisir narratif, ces plans parfaits et cette esthétique travaillée à l’extrême auxquels Clint Eastwood nous a habitués… mais le plaisir ne tient pas la comparaison avec son chef-d’œuvre Million Dollar Baby. Quant à l’actrice principale, elle ferait mieux de se cantonner à ses rôles dans Tomb Raider et autres légèretés où sa plastique serait mieux utilisée. (note : 3/5)
Ils Mourront Tous Sauf Moi
Ce film russe (sélectionné à Cannes 2008 dans le cadre de la semaine de la critique) raconte l’histoire de trois collégiennes dans une banlieue de Moscou qui se préparent avec ferveur à leur première soirée dansante organisée par leur école. En rébellion contre leur entourage, elles vivent leurs premières fugues, premiers flirts, premières cuites et premières rencontres avec la brutalité de la vie. Le jeu est simple mais profondément humain et naturel. Dommage que le discours de l’antipathique réalisatrice (Valeria Germanica) dans le cadre d’un débat à la fin de la projection soit d’une prétention et d’un creux qui jurent avec l’esprit du film (comment peut-on qualifier le film de non violent alors que tous les ingrédients de la violence d’une adolescence en ébullition y sont réunis?).
Projeté du 12 au 18 novembre 2008 dans la cadre de la semaine du cinéma russe à Paris, le film sort sur grand écran en janvier 2009. A voir. (note : 4/5)
Quantum of Solace
On n’a pas eu droit à la célèbre réplique « my name is Bond, James Bond », ni à l’humour décalé, ni aux petits gadgets révolutionnaires, ni à la scène romantique finale avec la nouvelle Bond Girl. A la place, un Bond méchant et pas drôle et un scénario léger et truffé d’impossibilités bien au-delà de la dose d’impossible dont est habituellement capable le MI6. Même si on ne s’ennuie pas, le dernier Bond marque une rupture, mais est-ce qu’on en a vraiment envie? (note : 3/5)
Quatre Nuits avec Anna
Ce film polonais de Jerzy Skolimowski raconte l’histoire d’un employé d’hôpital d’une petite ville en Pologne obsédé par une jeune infirmière, Anna, qu’il épie jour et nuit. Le synopsis nous raconte aussi que ce même employé avait été témoin du viol de cette même Anna dans le passé. Une fois l’histoire racontée, qu’en est-il du film ? Des acteurs fuyants (on ne s’attache ni à la victime, ni au bourreau), un étalage de glauque dont le message est incertain et une histoire incompréhensible si on ne lit pas le synopsis. Le recours aux flashbacks et à la destructuration temporelle ne fait qu’embrumer un scénario et des acteurs sans accroches. Décevant. (note : 1/5).
L’Etrange Noel de M. Jack
La version 3D de ce film d’animation fantastique issu de l’imagination de Tim Burton est… superbe. Ce conte (titre anglais The Nightmare before Christmas) raconte l’histoire de Jack, guide de Halloween Town qui s’ennuie d’organiser la fête d’Halloween depuis des siècles… jusqu’à ce qu’il découvre Christmas Town et se met dans l’esprit d’organiser la fête de Noël, version Halloween. Une fausse terreur drôle et des marionnettes en pâte à modeler aussi vivantes que celle issues des plus récents ordinateurs. Un classique incontournable. (note : 5/5)
Tokyo
Tokyo met bout à bout trois moyens métrages de trois réalisateurs différents (Michel Gondy, Leos Carax et Boong Joon-Ho) librement inspirés de la ville éponyme. Le premier raconte l’histoire d’un jeune couple qui arrive dans la capitale, lui pour devenir réalisateur, elle sans ambition jusqu’à perdre consistance. Le second, plus loufoque, montre le déchainement des sentiments populaires suite à l’apparition d’une « créature des égouts » qui sème la panique dans les rues de la ville. Le dernier suit un hikikomori (personne coupée du monde extérieur) qui, après 11 ans d’enfermement, tombe amoureux de sa livreuse de pizza. Même si le second moyen métrage (celui de Carax et sa créature des égoûts) est très en deçà des deux autres, l’ensemble présente une vision originale de la vie tokyoïte. A voir. (note : 4/5)
Tango
Le Tango de Carlos Saura (réalisateur du magnifique Cria Cuervos) oscille entre légèreté et démons de l’Argentine face à son histoire. La mise en abyme d’un spectacle dans le film permet d’alterner scènes de tango, images d’archives et scènes de danse angoissantes (dignes d’un Preljocaj). Si le résultat traine en longueur et manque parfois de cohérence, l’esthétisme n’en est pas moins envoutant. Film intéressant même s’il lui manque un petit quelque chose pour être un grand film. (note : 3/5)