No country for old man

Devant les critiques dithyrambiques de la presse, je suis presque gêné de dire du mal du dernier film des frères Coen. Mais j’en ai très envie ! L’esthétique poussée à l’extrême du film et la parfaite maitrise des cadrages et des ambiances dégagent une froideur de musée. On se croirait au Louvre devant un Rembrandt, « objectivement beau » mais dont l’émotion s’est émoussée avec le temps. Mais il manque l’essentiel : une histoire. Un manque accentué par le ras-le-bol de cette école minimaliste à la Gus Van Sant qui se démarque par un alignement d’images parfaites mais ennuyeuses. Mais la beauté des plans reste un plaisir et sa lenteur imaginaire est parfaite pour une fin de soirée. (note : 3/5)

L’île (Ostrov)

Le dernier film de Pavel Lounguine est une virée mystique dans un monastère orthodoxe perdu dans une île aux confins de la Russie où un rescapé de la deuxième guerre mondiale mène une vie d’ascète pour racheter un pêché de jeunesse. L’austérité le rapproche de la lumière jusqu’au jour où il apprend que son pêché de jeunesse (tuer son camarade de l’armée) n’a jamais eu lieu. Film contemplatif dont le rythme et la beauté des paysages valent les 120 minutes que l’on y consacre. Dommage que les tripes des personnages attendent la fin pour sortir. (note : 3/5)

Requiem for a dream

Cette merveille réalisée en 2001 par le quasi inconnu Darren Aronofsky sur une adaptation du roman Last Exit to Brooklyn nous plonge, à travers l’histoire d’un jeune de Brooklyn et sa mère accro à la télévision, dans le monde de l’illusion : illusion de la drogue, de la télévision, du bonheur. Accompagné d’une musique envoutante de Kronos Quartet, le film gagne en tension au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans le monde illusoire crée par les personnages. Si la montée en tension est excitante, la chute n’en est pas moins brutale et le film finit dans une explosion de retour à la réalité. Film sublime et bande originale incroyable. (note : 5/5)

Stranger Than Paradise

Ce Caméra d’Or au Festival de Cannes en 1984 montre l’histoire d’Eva, immigrée hongroise qui arrive à New York chez son cousin Willie mais ni l’un ni l’autre ne trouvent le paradis dans cette terre de promesses. Avec des dialogues minimalistes et une précision des images impressionnante, le film de Jim Jarmusch ressemble plutôt à une exposition de photos où chaque image parle d’elle même. (note : 4/5)

Ironie du sort

Ironie du sort (« Ironiya Sudby ili S Legkim Parom » d’Eldar Ryazanov) est une de ces merveilles du cinéma soviétique (1975) ou on chante, on pleure, on rit, tout ça en même temps comme savent si bien faire les russes. Dans une subtile dérision du développement soviétique qui consistait à planter des barres d’immeubles et donner le même nom d’avenues dans tout le pays, le film raconte l’histoire d’un moscovite qui, après le rituel du banya et une cuite mémorable, se retrouve embarqué dans un avion pour Leningrad (St-Petersbourg) à la place d’un ami… Sur place, il se rend à son adresse où il trouve la même barre d’immeuble, le même appartement mais une femme différente… Les trois heures qui suivent passent à une vitesse vertigineuse entre drames, rires et chansonnettes à la guitare. Un film comme on n’en fait plus (note 5/5).

My Blueberry Nights

My Blueberry Nights fait revivre un genre de films qui malheureusement se fait rare : la réalité brutale du monde regardée avec une sensibilité exacerbée, dans une ambiance « zen » et avec un brin d’onirisme qui rappelle qu’il y encore des choses qu’on fait avec le cœur. Wong Kar-Wai a du génie, Norah Jones est splendide et nous n’avons qu’un regret, c’est que le film soit déjà fini. (note : 4/5).

La nuit nous appartient

La Russie est décidément à l’honneur en ce moment : après le dernier Cronenberg (cf. Eastern Promises) et, un moins caricatural, l’emprisonnement de Kasparov et les élections législatives à la régularité douteuse, la mafia russe new-yorkaise est à l’honneur dans le dernier James Gray. Dans une ambiance années 80, le sujet bien qu’habituel est traité avec une telle perfection qu’on ne peut que se laisser entrainer par le rythme de ce policier bien ficelé. (note : 3/5)

Sicko

Michael Moore revient dans un documentaire explosif où il montre comment le système de santé américain est devenu des plus inégalitaire qui soit (plus de profit aux compagnie d’assurance, moins de soins) comparé à celui qu’on peut attendre d’une grande nation. Avec humour et des témoignages chocs, il visite le Canada, la Grande-Bretagne et la France pour finir chez l’ennemi juré des américains : Cuba… avec une même conclusion : pourquoi le système de soins universel qui fonctionne partout ailleurs n’est pas mis en place dans la plus grande nation du monde ?… A voir (note : 9/10).

Grindhouse: Planet Terror

Le deuxième volet de la saga Grindhouse initiée par Death Proof de Tarantino nous ramène dans le monde des zombies et des gentils qui essayent de lutter contre les forces du mal…Sexy, gore et drôle, autant d’attributs mélangés subtilement et avec humour par Robert Rodriguez dans un film explosif et, bien sûr, au nième degré. (note : 7/10).