Un (nouveau livre de) Amin Maalouf est toujours un événement, surtout depuis son élection à l’Académie Française en 2011. Les Désorientés ne fait pas exception. Oui, Maalouf est un conteur hors pair. Oui, il explore les thèmes de l’identité, l’émigration et le voyage (intérieur et extérieur). Dans son dernier roman, on retrouve un cadre habituel aux thèmes maaloufiens: des jeunes gaucho idéalistes se séparent suite à la guerre dans un pays du Levant dont on ne connaitra pas le nom mais qui ressemble étrangement au Liban, mère patrie de l’auteur. Ils perdront leur Levant, leurs idéaux et une bonne partie de leur identité primaire. Tout cela est raconté à travers le retour de l’un d’eux au pays pour assister aux obsèques de celui qui était le chef de bande. Mais le retour ne se passera pas comme prévu et enchainera un torrent d’émotions et de rencontres avec le passé, le présent n’étant la que pour servir d’arrière-plan. On se laisse facilement entrainer par la fluidité de l’écriture et l’alternance des modes narratifs. Mais si certaines réflexions traduisent une profonde expérience personnelle de l’auteur (dans laquelle tout exilé, et en particulier libanais, pourrait se retrouver), on est souvent déçus par les lieux communs de certains échanges et le caractère forcé de certaines situations (comme le dialogue entre l’historien athée et le barbu islamiste), sans parler d’une « chute » (ou fuite? ou manque d’inspiration?)… consternante. Autant d’imperfections qui nous laissent sur notre faim: Amin Maalouf aurait pu écrire une épopée de l’exil, au lieu de cela, il nous sert une très bonne fiction personnalisée. Dommage. (note: 3/5)