Inglourious Basterds

Quentin Tarantino revient avec un film dans le genre qu’il manie à merveille : une épopée loufoque et sauvage où on rit en se cachant les yeux devant l’horreur de certaines images, tout cela dans un rythme qui alterne les plans en longueur (comme on les aime) et les scènes d’action débridées et une excellente maitrise des images et des dialogues. Bref, même si on frôle parfois le mauvais goût, on est en face d’un excellent Tarantino qu’on regarde avec plaisir sans voir les 2h30 passer. (note : 4/5)

Chinatown

Ce film culte de Roman Polanski tourné en 1974 se passe dans le Los Angeles des années 30 où Jack Nicholson joue le rôle d’un détective privé qui s’obstine à mener une enquête aux ramifications inattendues. Dans la vraie tradition des films noirs, Chinatown nous plonge rapidement dans une étrange énigme où chaque personnage semble avoir un jeu à cacher. Les cartes s’abattent petit à petit jusqu’à la scène finale qui nous rappelle que Hollywood (même si c’est Polanski) n’a pas toujours produit des contes de fées où on s’embrasse à la fin. Superbe (note : 4/5)

The Chaser

Nous sommes à Séoul, un ancien flic reconverti en proxénète voit ses filles disparaître. D’un soupçon de fuite, il va vite découvrir qu’un psychopathe est derrière ces disparitions. Si les masques sont jetés dès la première demi-heure (ce qui va à l’encontre des règles des films de suspens habituels), le jeu psychologique du chat et la souris et les courses poursuites (à pied) sont terriblement efficaces. La violence simple et débridée (à l’asiatique) finit par en faire un film bouleversant (dans l’esprit des films de Park Chen-wook, Sympathy for Mr Vengeance, …). (note : 4/5, déconseillé aux âmes sensibles).

Gran Torino

Clint Eastwood est encore là à 79 ans, 1 an après l’Echange, 2 ans après Lettres d’Iwo Jima, et la liste est encore longue. Mais cette fois-ci, l’acteur réalisateur est loin des fresques historiques et sociales et (se) livre un film sur mesure, limité dans l’espace (un quartier) et recroquevillé sur son héros (Clint en personne) et son passé pendant la guerre de Corée qu’il a du mal à oublier. Si cet espace restreint démontre à nouveau le génie de l’acteur (quelqu’un en doutait-il encore?), l’histoire d’un retraité raciste qui a perdu sa femme et qui se lie de manière inattendue avec ses voisins asiatiques qu’il méprisait tant en début du film reste limitée dans sa portée cinématographique. Une belle démonstration de talent mais décevante pour un Clint Eastwood. (note : 3/5)

Gloss

Gloss (ou Glyanets), dernier film d’Andrei Konchalovsky (frère de Nikita Mikhalkov), dépeint la Russie moderne des oligarques, des paillettes, de l’argent qui coule à flot et de la femme marchandise. Ce monde est vu à travers le regard fasciné d’une provinciale originaire de Rostov qui rêve de monter à Moscou pour devenir une starlette des magazines. Après des petits boulots et plusieurs humiliations, elle finit par faire part de ce monde superficiel. Si l’approche est intéressante, le film survole les clichés et sombre vite dans la facilité et l’étalage de la chaire humaine. Les moments de drame y sont pathétiques et ceux d’émotion inexistants… Quelques minutes après le générique de fin, il ne reste que des images de magnifiques créatures et le dégoût pour un univers où on peut acheter une femme pour 50 000 dollars. Dommage, un peu de profondeur aux personnages en aurait surement fait un excellent film. (note : 3/5)

Fados

Carlos Saura (réalisateur du célèbre Cria Cuervos) revient avec un film/documentaire sur le monde du Fado, une musique née dans les docks de Lisbonne au XIX siècle et que l’empire portugais a diffusé du Mozambique au Brésil. Si le « s » du titre fait référence aux multiples facettes contemporaines de cette musique, le film se contente d’un alignement de chansons (dont la plupart est tournée en studio!) et peine à nous raconter l’histoire vagabonde de cette musique mélancolique. Malgré des chants menés par les meilleurs « fadistas » du monde, on est déçu par la facilité d’une telle « compilation ». Avec peu d’efforts supplémentaires, Carlos Saura aurait pu, en plus de nous enchanter les oreilles, nous raconter une belle histoire. (note : 2/5).

The Spirit

The Spirit est la dernière petite merveille sortie de l’imaginaire de Franck Miller. Peut-être moins surprenant que le précurseur Sin City, moins grandiose que 300 mais avec une petite touche poétique qui rend le justicier (parce qu’on parle bien de ça : les comics, un justicier avec des pouvoirs surnaturels face à des méchants très méchants) de Central City sympathique. Nous sommes vite séduits par les décors et l’ambiance qui mélangent réalité et fiction. Comme dirait un certain M. B. à la sortie du film : « j’avais l’impression de voir une œuvre d’art au cinéma ». Je ne peux être que d’accord. (note : 4/5)

Le Parrain

On ne présente plus ce chef-d’œuvre de Francis Ford Coppola. Le revoir au grand écran dans le cadre du cycle New York du Forum des Images à Paris (dont Klute fait partie également) est un bonheur. La mise en scène, l’ambiance, la musique, le duo Marlon Brando et Al Pacino, les visages authentiques, bref, tous les ingrédients d’un grand film sont réunis… Sans s’attarder sur ce que tout le monde sait déjà, écoutons (encore une fois) cet air mythique qui rythme le film. (note : 5/5)

Klute

Nous sommes au début des années 70, une mystérieuse disparition, des lettres échangées avec une prostituée haut de gamme (Jane Fonda) et un détective privé chargé de l’enquête (Donald Sutherland). Ce film d’Alan Pakula qui effleure le thème des pulsions humaines est une superbe illustration du cinéma noir New-Yorkais, à une époque où un bon scénario et d’excellents acteurs suffisent pour créer un film mythique. Jane Fonda (oscar de la meilleure actrice dans ce film) y est fabuleuse. A voir. (note : 4/5)