Angels in America

Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski fait vivre le texte puissant de la pièce de Tony Kushner qui, en deux épisodes (« Le millénaire approche » et « Perestroika »), raconte les peurs et l’hypocrisie de la société américaine des années 80 dans un drame qui se noue autour de l’effondrement de deux couples, l’un homosexuel, l’autre hétéro, dans l’Amérique reaganienne des années 1980. Tony Kushner décrit les peurs d’une société que Dieu a abandonnée pour partir en voyage, laissant à des anges louches dopés au valium le soin de gérer ce monde comme des fonctionnaires plus ou moins zélés.
L’adaptation de Warlikowski fait vivre la pièce dans un décor unique où les destins se croisent dans des jeux d’ombre fabuleux. Dommage que la puissance du texte superbement exprimée par des moments intenses est noyée dans une lenteur (la pièce dure 5h30) et une répétition qui, non seulement épuisent l’attention du spectateur, mais finissent par sombrer dans des mièvreries décevantes. Avec deux ou trois heures en moins, la pièce aurait pu être un grand moment de théâtre. (note : 7/10).

Electre

L’Electre réécrit par Hugo von Hofmannsthal au XXème siècle est sans aucun doute un texte d’une puissance digne des tragédies grecques. Cependant, la mise en scène de Stanislas Norday au Théâtre de la colline à Paris peine à redonner à ce texte une dimension autre qu’une simple récitation de texte. Malgré les efforts (et le mérite) de la comédienne à faire vivre l’héroïne la tragédie prévue par les mythes, l’ensemble reste « faible » et décevant. Dommage, le texte méritait mieux (note 4/10).

Les Barbares de Gorki

Les Barbares, mis en scène par Eric Lacascade, vient de s’achever au théâtre de la Colline à Paris. Un texte à l’état brut qui, un siècle après avoir été écrit par un Gorki révolutionnaire dans une Russie en trouble (en 1905), n’a pas perdu de sa puissance. Pour n’avoir jamais lu Gorki auparavant, je comprends mieux pourquoi il est devenu un écrivain fétiche de l’URSS au point d’avoir sa ville natale, Nijni-Novgorod rebaptisée à son nom.
La mise en scène de Lacascade est tout simplement fabuleuse et épouse à merveille la puissance dramatique du texte. Bref, un Lacascadeà surveiller pour ses prochaines mises en scène. (note 10/10)

Oxygène, de l’air frais russe

La pièce de Ivan Viripaev, jeune auteur de la scène moscovite, raconte (en français) à travers un dialogue entre Sacha (fille moscovite moderne) et Sacha (garçon provincial impuissant) les dix commandements dans une atmosphère de début du XXI siècle: rythme techno, acteurs survoltés, mots (dés)engagés qui questionnent l’absurde et, dans un désordre insensé, semblent chercher l’essentiel.
Au Théâtre de la Cité Internationale à Paris jusqu’au 19 décembre, courez-y ! (note : 9/10)

Beckett en morceaux

Le Théâtre des Bouffes du Nord et Peter Brook renouent avec l’originalité avec des Fragments de Beckett à l’occasion du 100ème anniversaire du dramaturge. Des fragments « précieux qui reflètent avec humour et tendresse sa vision impitoyable de la condition humaine » (P. Brook). En 4 tableaux, Peter Brook nous offre un court mais passionnant concentré de Beckett.