Ce best-seller de Saint Exupéry est à mes yeux décevant en comparaison avec Vol de Nuit. Terre des Hommes est une juxtaposition de réflexions de l’auteur… entre sociologie, psychologie, philosophie, souvenirs, hommages. Nous sommes saisis par la passion pour cette aventure humaine qu’est l’aviation du début du XX siècle. Nous ne pouvons que nous incliner devant le courage sans borne de ces hommes qui sacrifiaient tout pour transporter le courrier des pays riches vers des contrées lointaines et inconnues. Nous sommes bouleversés par l’extrême humanisme de l’auteur qui voit dans chaque homme un « Mozart assassiné »… mais deux choses me dérangent: le caractère déstructuré de l’œuvre qui lui enlève de sa force et, surtout, le mépris latent pour l’immobilisme des sociétés et pour tout ces gens enfouis dans leur confort. Mais Saint Exupéry semble parfois oublier que l’aventure n’est qu’une « extension » de cette immobilité… et que sa seule raison de découvrir le monde au début du XX siècle résidait dans le transport des lettres de toutes ces personnes immobiles.
Dommage, il ne manquait pas grand chose à cette excellente histoire pour devenir un chef d’œuvre (note : 4/5).
Brèves avignonaises
Quelques pièces, en direct d’Avignon et son célèbre festival off…
Hymnus : Pièce tragido-comique hongroise écrite par Gyorgy Schwajda qui raconte la descente en enfer d’un couple marginal, lui alcoolique et elle faible d’esprit. Si l’idée de la chute irrémédiable est bien illustrée, les acteurs enfermés dans leur texte répétitif peinent à convaincre. Dommage. (note : 2/5).
Beyrouth Adrénaline : Dans une pièce de Hala Ghosn, des libanais (exilés à Paris ou sur leurs balcons en plein Beyrouth), regardent la guerre passer… une guerre qui n’empêche pas les gens de travailler, danser, rire… un humour qui, face au tragique, côtoie l’absurde. (note : 4/5)
L’Ange et le Bucheron : Mélange de mime et de danse coréenne, Chung-Euy Park raconte un conte coréen traditionnel: un ange est piégé par un bûcheron pour qu’elle devienne sa femme. Mais, dans un monde dévasté par la guerre et la violence, on assiste à la ruine de leurs vies et la chute de l’ange vers la prostitution. Les gestes et les visages tendus remplacent à merveille les mots. Superbe. (note : 5/5)
Si tu n’aimes pas, passe ton chemin : Spectacle loufoque du Théâtre Jeunesse d’Arkhangelsk, ville du grand nord russe. Orchestre composé de cuillères en bois, de scie musicale, pots, planches à lessive et autres bizarreries. Légèreté et bonne humeur dans une ambiance pseudo-folklorique. (note : 4/5)
Bons baisers de Bruges
Deux tueurs en série à moitié comiques se réfugient à Bruges après un meurtre qui a dérapé. Ils font du tourisme, font des rencontres loufoques, s’ennuient jusqu’au moment où l’un des deux reçois l’ordre d’abattre son complice. Et après? Pas grand-chose en fait, un humour anglais peu convaincant et un bain de sang sans grand intérêt. Moyen… (note : 3/5)
Hiroshima Mon Amour
Histoire d’un impossible amour à Hiroshima dans les années 1950 : elle, actrice française venue jouer dans un film pour la paix ; lui, architecte japonais ; tous les deux avec leurs blessures « de guerre » et leurs routes qui ne font que se croiser. Le premier long métrage d’Alain Resnais (sur un scénario de Marguerite Duras) réussit à ne pas être ennuyeux, même si la récitation de texte (caractéristique du cinéma des années 60 ?!?) peine à captiver l’oreille. La touche d’exotisme sauve l’ensemble d’une lourde pesanteur. (note : 3/5)
Vol de Nuit
Ce court roman d’Antoine de Saint-Exupéry porte une intensité dramatique inversement proportionnelle à sa taille. On y vit une nuit d’aventure et de peur aux côtés des pilotes aventuriers de l’aéropostale du début du XX siècle quand les vols nocturnes ont fait leur aparition. L’auteur, pilote de métier, raconte à merveille ces sentiments de puissance et d’impuissance mélangés de ces pilotes de l’inconnu, ainsi que l’attente de ceux qui restent au sol et pour qui, en une nuit d’orage, n’ont que l’attente à se mettre sous la dent. Superbe. (note : 5/5)
Sparrow
Johnnie To, un des maitres du thriller mafieux made in Hong Kong, livre une pseudo comédie autour de quatre pickpockets sympathiques et une femme au charme foudroyant. Si les ballades dans les rues de Hong Kong permettent de redécouvrir cette ville fascinante, l’intrigue cède rapidement la place à l’ennui. Dommage. (note : 2/5)
Lolita
Le nom (Lolita) et le thème (nymphette juvénile et séductrice) sont probablement usés et il en est de même de l’adaptation éponyme par Stanley Kubrick du roman de Vladimir Nabokov. Sans avoir lu le livre pour en apprécier la profondeur (psychologique, sensuelle, dramatique, ou autre), la comparaison avec le film est difficile. Toujours est-il que ce dernier manque de profondeur et on se retrouve embarqués dans une histoire « facile » avec des personnages sans épaisseur. Surement pas le meilleur Kubrick. (note : 2/5)
Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal
Le dernier Indiana Jones est à la hauteur des attentes : drôle, un peu loufoque tout en restant prévisible et surtout conforme aux attentes des amateurs du genre. Harrison Ford a pris de l’âge mais garde une forme impressionnante qui lui permet de fuir les méchants KGBistes (successeurs des méchants nazis des volets précédents) à force de pirouettes, sauts périlleux et coup d’éclats. Moment sympathique de détente. (note: 4/5)
Le Testament du Dr Mabuse
Le deuxième volet de la trilogie de Fritz Lang dédiée au Dr Mabuse a vu le jour dans l’Allemagne hitlérienne des années 30. Malgré son internement, le Dr Mabuse continue à agir en tant que génie du mal avec un côté subversif (attaques chimiques, etc.) surement représentatif du contexte politique de l’époque. Le film, interdit en Allemagne pendant de nombreuses années (serait-ce le triomphe de l’état de droit qui gênait les censeurs de l’époque?) est à la hauteur du premier épisode. (note : 5/5)
Paris, Texas
Wim Wenders raconte l’histoire d’un homme qui réapparait après quatre ans de disparition inexpliquée. Le rythme nonchalant est à l’image de ces destins qui se recroisent après une longue absence. Les dialogues minimalistes laissent toute la place au jeu des acteurs et on se laisse emporter dans ce voyage intime entre le Texas et la Californie. (note : 4/5)