L’Arrangement

L’Arrangement, adapté par Elia Kazan de sa propre nouvelle éponyme, nous rappelle la puissance d’une image simple (un homme, un paysage, une musique, …) lorsque le génie d’un réalisateur et des acteurs lui donnent une force dramatique inégalée (et, par opposition, la médiocrité générale du cinéma actuel qui regorge de sophistications inutiles). Kirk Douglas, impressionnant, y incarne un homme dont la réussite matérielle ne le sauve pas du vide intérieur et des démons du passé. Faye Dunaway, froide beauté fatale, est la muse du film. Elia Kazan confirme (beaucoup le savaient déjà bien avant moi) qu’il fait partie des grands du cinéma. (note : 5/5)

The Housemaid

Remake d’un film sud-coréen culte des années 1960, The Housemaid (Sanyo) raconte l’histoire d’une jolie trentenaire qui devient servante dans une famille très riche. La femme est enceinte et l’homme décide de prendre la servante comme maîtresse…. jusqu’à ce que tout bascule dans une cruauté extrême. Im Sang-soo met ainsi en scène deux facettes de la société coréenne : les riches, puissants et machiavéliques et les classes moyennes, entre résignation et désespoir. L’épilogue explosif est néanmoins gâché par un milieu de film sans reliefs.  Intéressant sans être un chef d’œuvre. (note : 3/5)

L’Ecume des jours

Dès les premiers mots de ce roman culte, Boris Vian nous projette dans un univers poétique, surréaliste et déroutant où la matière est vivante et où il est question d’amour et de mort. Sur un fond de Duke Ellington (et notamment l’arrangement Chloé, qui partage son nom avec l’héroïne du roman), Colin vit dans un monde à la fois réel et fantastique où il rencontre Chloé dont il tombe amoureux. Mais Chloé tombe malade et le monde fantastique s’obscurcit à l’image de la tristesse qui envahit les personnages. Après le Maître et Marguerite de Boulgakov, une des plus belles histoires d’amour jamais écrites. (Re)découvrir ce chef d’œuvre relève de la nécessité. (note : 5/5)

Une Saga Moscovite

J’ai découvert Vassili Axionov au hasard d’un lien vers une liste de lecture sur Amazon. Après l’intermède de quelques Agatha Christie, je cherchais un roman qui ait de la consistance, où les pages se succéderaient pendant très longtemps et me laisseraient le temps de me familiariser avec les personnages… Bref, plus simplement, j’avais envie d’un « pavé ». Une Saga Moscovite répond à ce premier critère quantitatif : 1600 pages sur deux tomes pendant lesquelles nous accompagnons les péripéties de trois générations d’une famille de l’intelligentsia russe pendant le règne de Staline, du milieu des années 1920 à 1953. Dans un style romanesque unique où se mélange le tragique au burlesque, Axionov nous fait partager les espoirs et la violence des premières années de la révolution jusqu’à la désillusion et le climat de survie de la fin du règne de Staline… Les personnages sont le reflet de leur époque et illustrent à merveille cette vision d’une « intelligentsia » qui traverse l’Histoire tout en gardant son sens de la morale, de la famille et de la patrie. Vous l’aurez compris, il s’agit d’un chef d’œuvre qui se dévore et qui ne donne que l’envie de découvrir plus encore cet auteur peu connu. (note : 5/5)

Hommage aux ballets russes

Preljocaj entame une tournée estivale en faisant revivre deux classiques de son répertoire : Noces et Le Sacre du Printemps. Le premier évoque les traditions des mariages des Balkans où les cérémonies portent un arrière goût de drame tandis que le second met en scène la brutalité du désir érotique… avec pour points de rencontre deux musiques fascinantes de Stravinsky, une brutalité évocatrice des rituels païens ancestraux et une mise en scène d’un érotisme cru. Vous ajoutez à cela le décor du bassin de Neptune à Versailles et le rêve est entier. A (re)voir. (note : 5/5)

Agatha Christie

Un retour aux classiques avec une (re)découverte des trois classiques d’Agatha Christie : Dix petits nègres, le Crime de l’Orient-Express et Le Meurtre de Roger Ackroyd. Suspens, intrigues inextricables et rebondissements sont au rendez-vous dans ces polars qui se dévorent dès la première page. En revanche, avec le recul, on reste déçus par les solutions des énigmes qui sont le plus souvent « sorties du chapeau » dans les dernières pages au lieu de résulter d’un accompagnement du lecteur tout au long de l’intrigue. Dommage. (note : 4/5)

The Shining

Quoi de mieux que de se replonger dans ce classique de Kubrick où Jack Nicholson donne vie à l’imaginaire de Stephan King. Basé sur le roman éponyme, Nicholson y incarne un gardien d’un hôtel fermé l’hiver qui s’apprête à vivre de longs de mois de solitude avec sa femme et son fils. Mais le fils, qui possède un don de médium, le « Shining », est effrayé à l’idée d’habiter ce lieu marqué par de terribles évènements passés… Suspens garanti. (note : 5/5)

Libre Echange

Le deuxième roman de Bernard Mourad, qui relate l’histoire d’un homme au bord du gouffre à qui le « système » propose de changer de vie, s’inscrit dans la même veine que le premier (Les Actifs Corporels) : incisif, caustique et miroir d’une humanité déchue. Seul « réconfort » : le pouvoir du système (financier, politique, médiatique) n’est pas suffisant pour créer le bonheur… Et qui mieux qu’un banquier d’affaire reconverti peut en parler ? Sans être un chef d’œuvre, se laisse dévorer (note : 4/5).