Tree of Life

La palme d’or de Cannes ressemble toujours à une grille de loto : on peut gagner gros mais les chances sont minimes. Tree of Life de Terrence Malick ne fait pas exception à cette règle et ce n’est pas sans une certaine hésitation que j’y suis allé.
Le film commence par une heure de lyrisme adolescisant où on assiste à un défilé d’images (très belles au demeurant) des 4 éléments (volcans, planètes, eau, cellules) sur un fond de musique classique digne d’un excellent salon de coiffure. Malick a même réussit à glisser une scène de dinosaures dans ce qui ressemblait à un reportage sur la beauté de l’univers. L’effet est déroutant et ce n’est que la curiosité de ce qui pouvait suivre qui m’a empêché de quitter la salle.
Après cette première heure, on retrouve la trame, peu de mots, des émotions qui passent par des gestes simples, bref, superbe… mais tout cela ne dure que trop peu et on retrouve vite le délire cosmique du début et cette même musique classique de salon de coiffure… A vouloir trop en faire, Malick en a fait trop et la lumière s’est allumée sur un éclat de rire général de la salle qui se demandait comme on avait pu en arriver là. A éviter. (note : 2/5)

J’ai rencontré le diable

Le synopsis du dernier film de Kim Jee-woon est laconique (« un agent secret recherche le tueur en série qui a tué sa fiancée… ») et aurait pu passer inaperçu si le cinéma coréen ne nous avait pas habitué à une vision particulière de la violence. On sent que quelque chose se trame quand l’agent secret retrouve le tueur au bout d’une petite demi-heure de film… et le laisse filer dans une course poursuite démoniaque où l’on finit par se demander qui est le fou et qui est le sain d’esprit. Extrêmement violent, mais captivant de folie. A voir. (note : 4/5)

Black Swann

Non, je ne voulais pas aller voir le dernier film du réalisateur du magnifique Requiem For A Dream, sans doute par méfiance pour tout ce qui me semble hyper-médiatisé… Oui, j’étais persuadé qu’on y accourait principalement (uniquement?) pour y voir Natalie Portman… Et c’est avec ces idées toutes faites que j’ai failli passer à côté d’une petite merveille troublante sur le monde impitoyable des ballerines et des démons de la folie exacerbés par une quête impossible de la perfection… Natalie Portman -qu’on a le droit de ne pas aimer- est sublime et le film est à la hauteur du premier requiem du réalisateur. Génial ! (note : 5/5)

True Grit

Le dernier film des frères Coen est dans la lignée de ce qu’ils savent faire de mieux : une ambiance de far west dans l’Arkansas des siècles derniers, des brutes épaisses et des bons aux caractères mal finis. On se laisse entraîner dans la chevauchée en territoire indien d’un marchal et d’une gamine de 14 ans qui cherche à venger la mort de son père. Une fois n’est pas coutume, aucune happy end mais une superbe mise en image de cette sentence du début du film « tout doit se payer, excepté la grâce de Dieu ». (note : 4/5)

Arriety

Arriety, le petit monde des chapardeurs est la dernière petite merveille sortie des Studios Ghibli sous la supervision de Miyazaki dont la réputation n’est plus à établir.  Plus ‘simple’ à aborder que les Miyazaki classiques, le premier long métrage du réalisateur Hiromasa Yonebayashi n’en reste pas moins dans la lignée des chefs-d’œuvre  de son mentor par sa capacité à nous emporter dans un fabuleux univers poétique où on retrouve des thèmes classiques comme la relation des personnages entre eux et avec la nature, la cohabitation avec l’environnement et la lutte pour la vie. Bref, les petits chapardeurs qui empruntent ce dont ils ont besoin pour vivre aux humains sont attachants et le film passe à une vitesse incroyable. A voir. (note : 5/5)

Outrage

On attendait avec impatience le dernier Takeshi Kitano (avec Beat Takeshi en rôle principal)… et la déception est à la hauteur de l’attente : absence de scénario, acteurs absents, longueurs, dialogue et intrigue inexistants, quelques explosions de violence qui n’empêchent malheureusement pas de s’assoupir tout au long du film… à se demander s’il ne s’agissait finalement pas d’un film amateur que Kitano aurait diffusé sous son nom sans même le visionner… bref, étonnant de médiocrité ! (note : 0/5)

Fargo

Retour sur un des premiers films des frères Coen : un vendeur de voiture fait enlever sa femme par deux malfrats minables pour toucher une rançon du riche beau-père… forcément, les choses ne tournent pas comme prévu et une policière de campagne remonte lentement la piste. L’ambiance des gens ordinaires, mais au bord du précipice que savent si bien instaurer les frères Coen est bien là, musique parfaite, acteurs à la tête de l’emploi… mais un scénario un brin basique, loin de cette tension permanente de leur chef-d’œuvre No Country for Old Men. A voir mais fait penser à une œuvre de jeunesse non aboutie. (note : 3/5)

Princesse Mononoké

Miyazaki nous raconte cette fois l’histoire d’Ashikata, chef de clan dans le Japon du XVe siècle touché par la malédiction d’un sanglier transformé en dieu maléfique. Il est alors forcé de partir à la recherche du dieu cerf pour lever la malédiction qui le gangrène. Il rencontre alors un monde où les humains se battent contre les esprits de la vieille forêt pour assurer leur prospérité, thème cher à Miyazaki qui met en scène l’opposition entre progrès et respect de l’environnement et la complexité des rapports entre les hommes et leur environnement. Cette complexité ne fait que s’accroître quand Ashikata découvre que la forêt est protégée par Princesse Mononoké, une humaine adoptée par les loups… Un chouette Miyazaki. (note : 5/5)

L’Arrangement

L’Arrangement, adapté par Elia Kazan de sa propre nouvelle éponyme, nous rappelle la puissance d’une image simple (un homme, un paysage, une musique, …) lorsque le génie d’un réalisateur et des acteurs lui donnent une force dramatique inégalée (et, par opposition, la médiocrité générale du cinéma actuel qui regorge de sophistications inutiles). Kirk Douglas, impressionnant, y incarne un homme dont la réussite matérielle ne le sauve pas du vide intérieur et des démons du passé. Faye Dunaway, froide beauté fatale, est la muse du film. Elia Kazan confirme (beaucoup le savaient déjà bien avant moi) qu’il fait partie des grands du cinéma. (note : 5/5)

The Housemaid

Remake d’un film sud-coréen culte des années 1960, The Housemaid (Sanyo) raconte l’histoire d’une jolie trentenaire qui devient servante dans une famille très riche. La femme est enceinte et l’homme décide de prendre la servante comme maîtresse…. jusqu’à ce que tout bascule dans une cruauté extrême. Im Sang-soo met ainsi en scène deux facettes de la société coréenne : les riches, puissants et machiavéliques et les classes moyennes, entre résignation et désespoir. L’épilogue explosif est néanmoins gâché par un milieu de film sans reliefs.  Intéressant sans être un chef d’œuvre. (note : 3/5)