Oxygène, de l’air frais russe

La pièce de Ivan Viripaev, jeune auteur de la scène moscovite, raconte (en français) à travers un dialogue entre Sacha (fille moscovite moderne) et Sacha (garçon provincial impuissant) les dix commandements dans une atmosphère de début du XXI siècle: rythme techno, acteurs survoltés, mots (dés)engagés qui questionnent l’absurde et, dans un désordre insensé, semblent chercher l’essentiel.
Au Théâtre de la Cité Internationale à Paris jusqu’au 19 décembre, courez-y ! (note : 9/10)

Casino Royal, un James Bond perdant ?

Il y tout d’abord le nouvel interprète de 007 – Daniel Craig – plus proche d’un Shwarzenegger (gros muscles) que d’un Roger Moore ou Pierce Brosnan (flegme et élégance)… Il y aussi le rythme saccadé, les longueurs sans intérêts et les rebondissements bâclés; la partie de poker qui est censée être au coeur de l’intrigue se révèle ennuyeuse, le quart d’heure de romance aux deux tiers du film casse le rythme, etc…
Mais, il y a quand même quelques scènes d’actions improbables dignes d’un James Bond (poursuite d’ouverture, destruction d’un immeuble vénitien, …). Pour finir, on en sort avec un sentiment de déception, ce n’est sûrement pas un des meilleurs James Bond… mais peut être pas le pire, un film qui se laisse regarder, sans plus. (note : 5/10).

Marina Vlady chante Vissotsky

Dans un hommage à son ex-mari Vladimir Vissotsky, Marina Vlady se met en scène au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Dans un spectacle d’une rare émotion, entre souvenirs, anecdotes et chansons, Marina fait revivre, le temps d’une soirée, la flamme de celui qui a chanté une époque et qui reste encore un des plus grand poètes russes du 20ème siècle. Indispensable pour les admirateurs de Vissotsky.

Les Origines d’Amin Maalouf

Dans son dernier roman (Origines), Amin Maalouf n’a pas souhaité conter une fable inspirée de son Orient natal comme il sait si bien faire. Il a préféré décrire cet Orient; et plus précisément la montagne libanaise qu’ont connu ses ancêtres entre le début du 19ème siècle et la moitié du 20ème. C’est une histoire de villages chrétiens perchés dans le Mont-Liban, d’exils dans les Amériques, de guerres et de bouleversements politiques, de tragédies familiales, de rêves déçus et d’espoirs exaucés. Une histoire qui ressemble étrangement à celle de beaucoup familles libanaises où l’exil devient une partie de l’identité et les origines plus difficiles à enfermer dans des frontières. A lire absolument.

Babel

On reconnaît très vite la touche « Inarritu »: plusieurs histoires interconnectées, des personnages et des émotions fragmentés mais toujours en finesse, et surtout une vision effrayante de ce à quoi pourrait ressembler le monde actuel : un événement peut mener au chaos, avec toujours en filigrane cette incompréhension qui régit les relations humaines. Bref, un excellent film à voir. (note: 8,5/10)

Al Gore et la vérité qui dérange

Bien sûr, on peut reprocher au documentaire d’Al Gore une mise en scène hollywoodienne, quelques passages mélodramatiques, ou une bonne dose d’auto-promotion… Mais la portée du documentaire va bien au delà de ces aspects et l’énergie que dépense l’auteur dans l’explication des origines et potentielles conséquences du réchauffement climatique n’en reste pas moins impressionnante. Pour la première fois, dans un discours à la fois scientifique et simple, loin de la démagogie habituelle et avec énormément de bon sens, Al Gore réussit son coup : une prise de conscience de l’urgence de mettre fin au réchauffement climatique, mais surtout un optimisme et une démonstration de la capacité de tout un chacun de contribuer à l’effort global. A voir d’urgence (note : 9/10)
Site web : http://www.criseclimatique.fr/

The Black Dahlia

Une mise en scène impeccable, des prises de vue millimétrées, des acteurs chronométrés à la hollywoodienne, une intrigue de roman : Brian de Palma livre un film irréprochable, à tel point que nous nous demandons si le film nous a vraiment marqué ? Ou distrait ? Ou apporté quelque chose ? Pas vraiment en fait, nous ne nous ennuyons pas mais nous avons du mal à dire que nous avons vu un bon film. Le Dahlia Noir est trop lisse, les acteurs trop conformes, la chute trop bâclée… Bref, moyen pour un thriller, décevant pour un De Palma ! (note : 6/10)

En attendant Godot

Je viens de relire le chef d’oeuvre de Beckett qui n’a plus besoin d’être présenté. La force des chefs d’oeuvre vient de leur capacité à toujours surprendre. Celui-ci surprend avant tout par sa simplicité : deux hommes, aux allures de clochards, attendent un dénommé Godot, dans un paysage désertique où seul un arbre nu fait le paysage. Le langage aussi est d’une étonnante simplicité, mais la trame se tisse d’elle-même, comme si de rien n’était, sans contours précis mais avec le sentiment d’assister à une scène universelle et intemporelle : l’attente, et l’espoir qui en découle mais qui ne fait pas oublier la lourdeur du présent. Beckett a refusé de commenter son texte, je ne pourrai pas dire en plus, mais chacun lui trouvera un sens, troublant probablement mais d’une puissance propre aux grands textes.

Le Mystère de la crypte ensorcelée

Léger, sans prétentions, mais sans concessions non plus, le roman d’Eduardo Mendoza suit les traces de ceux de Montalban dans les méandres des polars barcelonais où le héros, un délinquant fou à moitié repenti, livre une vision décalée et impitoyable de la société espagnole, mais toujours avec finesse, pas forcément du langage mais de l’esprit, et dieu sait combien il peut être difficile de manier l’une sans l’autre.

Beckett en morceaux

Le Théâtre des Bouffes du Nord et Peter Brook renouent avec l’originalité avec des Fragments de Beckett à l’occasion du 100ème anniversaire du dramaturge. Des fragments « précieux qui reflètent avec humour et tendresse sa vision impitoyable de la condition humaine » (P. Brook). En 4 tableaux, Peter Brook nous offre un court mais passionnant concentré de Beckett.