La Vie des Autres

La Vie des Autres (Das Leben der Anderen) raconte à travers l’histoire d’un couple d’intellectuels l’Allemagne de l’Est des années 80, celle de la Stasi et des citoyens suivis au pas. Un film surprenant, complexe et captivant qui fait penser à Goodbye Lenin mais avec une puissance dramatique bien supérieure. Bref, magnifique. (note: 9,5/10)

Paris-Delhi-HongKong

Aujourd’hui, 6 heures du matin, dans le froid de l’aéroport Charles de Gaulle, a pris fin notre périple d’un mois qui nous a conduit en Inde puis à Hong Kong.

L’Incredible India (pour reprendre leur slogan touristique) fascine par son balancement entre splendeur et misère. Les mausolées de Delhi sont entourés de miséreux qui ont pour seul domicile le bout de trottoir qu’ils occupent. Le fort de Jaisalmer perché au dessus du désert doit contenir autant de vaches (sauvages) que d’habitants. Le lac d’Udaipur projette charme et sérénité. Le vacarme de Jaipur ne donne qu’une envie: fuir. Les bords du Ganges à Varanasi (Bénares) rappellent qu’un fleuve sacré, même avec 1.5 million de bactéries, reste source de vie. Kolkata (Calcutta) surprend par son ambiance, ses parcs et ses monuments aux antipodes de l’image miséreuse véhiculée en occident. Et partout, une vache sacrée s’insère avec naturel dans le paysage, des « rickshaws » (motorisées, tirées par un vélo ou à bout de bras) slaloment entre les voitures, des gens sont assis ou dorment par terre… et la misère, arrière-plan cruel qui empêche toute sorte de dignité de faire surface.

A quelques heures d’avion, Honk Kong, officiellement chinoise mais ville-état résolument moderne (et riche) qui a des allures de centre commercial géant où les boutiques de luxe voisinent les étalages de viandes séchées dans un décor de gratte-ciel. Seules les montagnes en arrière-plan rappellent que la nature reste là, domptée peut-être mais jamais vaincue.

Et maintenant Paris, ou l’absurde ne fait plus de doute quand quelques heures à peine séparent d’un costume, d’un métro bondé et du quotidien enchanteur.

Udaipur (live)

La ville d’Udaipur (Rajasthan, Inde) ne semble pas s’être remise du film de James Bond (Octopussy) tourné sur les lieux dans les années 80. Les projections quotidiennes du film simultanément dans presque tous les hôtels de la ville ressemble à un attachement désespéré (mais sympathique) à un moment de gloire passé. Mais la ville n’a pas besoin du film pour être attachante… du lac entouré de châteaux sortis d’un conte de fées, aux ruelles vibrantes de bruits et de couleurs, tout est là pour accrocher les sens et créer une atmosphère inoubliable.

Bonjour tristesse… pourquoi déçu ?

Je viens de finir Bonjour tristesse, le roman « culte » de Françoise Sagan. Un sentiment banal: la déception. Pourquoi ?
– tout d’abord, il y a le mythe. Le titre est souvent suffisant à évoquer quelque chose plus ou moins précis. Parfois on ne sait pas de quoi il s’agit mais on sent qu’on devrait le savoir.
– ensuite il y a la préface et le commentaire en quatrième de couverture, un livre « scandale » écrit en 1954, une représentation de ce que serait « la deuxième moitié du XXe siècle […] à l’image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir ». Le mythe est confirmé, on s’attend à un écrit révélateur, un chef d’oeuvre qui nous laisserait pantois, une petite merveille.

J’ai donc attaqué le roman avec l’excitation de bientôt rentrer en extase (un peu comme quand j’avais commencé l’Insoutenable légèreté de l’être de Kundera)… mais rien de cela ne s’est produit. Le roman devait être terriblement osé et original pour l’époque mais l’héroïne, une adolescente qui vit une série de découvertes fondamentales (son corps, la complexité des humains, des sentiments, la tristesse, l’envie, …), peine à paraître crédible dans son rôle mal interprété: manipulatrice et d’une lucidité qui tranche avec son inexpérience de la vie.

La première réaction serait de crier à la supercherie. Mais finalement, le mythe n’en était peut-être pas, et la préface n’engage que « Pocket » qui aimerait encore voir s’écouler beaucoup d’exemplaires. Ce qui est certain, c’est que la deuxième moitié du XX siècle ne ressemble sûrement pas à cette adolescente qui peine à rester dans son rôle. (note: 5/10)

L’Usage du monde de Nicolas Bouvier

Je viens de lire le dernier mot de L’Usage du monde de Nicolas Bouvier agrémenté des dessins de Thierry Vernet, son compagnon de voyage pendant 17 mois dans les années 50 de la Yougoslavie jusqu’à l’Inde à travers la Turquie, l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan.

Il y a toujours eu des voyageurs qui racontent leur voyage… certains de manière photographique où les mots ressemblent à des images qui décrivent l’espace, d’autres essayant de saisir des instants et donner une dose d’humanité à leur description. Mais c’est la première fois que cette description devient exploration et découverte bien au delà de l’image. Les espaces que visitent les deux suisses prennent vie, leurs rencontres deviennent les nôtres, leur humilité devient un sésame pour saisir et comprendre de manière unique les occupants d’un monde qu’on croirait disparu. La campagne turc, les villes iraniennes et pakistanaises, les coupes-gorges afghans… autant de régions tristement médiatisées prennent vie, et sont ressuscitées (pour nos regards d’occidentaux incultes) par des phrases simples mais qui traduisent si bien l’esprit des deux voyageurs: ce n’est qu’avec humilité qu’on peut approcher et comprendre des sociétés millénaires que cachent les apparences arriérées de ces contrées.
Merci encore à M&Mme Boulous pour cette magnifique découverte que je recommande vivement.

Boston… une semaine sans émotions

Boston paraît aux US comme une banale ville de province paraîtrait à Paris: dimensions réduites, rythme ralenti, commerces concentrés autour d’une place centrale, architecture sans intérêt (bien que ça soit considéré comme un centre historique puisqu’y subsistent quelques bâtisses du XIX siècle). Les bostoniens que j’ai croisés pendant une semaine étaient un bel exemple de l’américain middle-upper class: très friendly et extrêmement superficiels. Le taxi vers l’aéroport nous a chanté une chanson d’amour qu’il a écrite à sa femme, c’était la seule chose qui dépassait dans un décor où, très vite, l’artificiel pèse comme un couvercle baudelairien.

L’usage d’un monde immuable

On est dans les années 50, Tabriz (Iran), Nicolas Bouvier qui parcours le monde raconte dans L’Usage du monde (merci m & mme Boulous pour la découverte… magnifique) sa rencontre avec des américains démoralisés: leur mission politico-économique est mal reçue par la population locale qui ne les aide pas vraiment dans la construction d’une école quand leurs soucis premiers restent d’avoir à manger et se vêtir. Bouvier résume bien la situation par : « les cadeaux ne sont pas toujours faciles à faire quand les « enfants » ont cinq mille ans de plus que Santa Klaus ».
Drôle… parce qu’un demi-siècle plus tard, on a l’impression de revoir les mêmes qui veulent révolutionner le monde selon leurs propres critères… cette fois encore les « enfants » ont quelques cinq mille ans de plus… cette fois encore ça n’a pas l’air de se passer comme les américains le pensaient.
L’Histoire se répéterait-elle donc aussi bien qu’on le dit ?

The Host

Le cinéma asiatique (sud-coréen dans ce cas là) ne ressemble à aucun autre, y compris pour les films d’horreur qui gardent une vision intéressante sur la société : entre deux apparitions du calamar géant qui va terroriser Séoul, on retrouve le syndrome de panique du SRAS, la vision sud-coréenne du soldat américain qui se comporte comme s’il était chez lui, etc. Mais ce n’est sûrement pas le film d’horreur qui fera référence. (note : 5/10)

Les Infiltrés, un remake insipide

Les Infiltrés (The Departed), remake de Scorsese du film asiatique Infernal Affairs, me confirme ce que j’ai souvent pensé : les remakes, en voulant perfectionner l’oeuvre originale, ont tendance à lui enlever toute substance et à délivrer une version « conventionnelle » de l’oeuvre d’origine. Comparé à son cousin honk-kongais, les Infiltrés manque de cette tension et du rythme effréné qui accompagne tout le film et qui contribue à faire ressortir l’angoisse des personnages dans leur double rôle. On est à la limite de l’ennui, heureusement que Jack Nicholson est toujours aussi impressionnant ! (Note : 5/10)