Quentin Tarantino revient avec un film dans le genre qu’il manie à merveille : une épopée loufoque et sauvage où on rit en se cachant les yeux devant l’horreur de certaines images, tout cela dans un rythme qui alterne les plans en longueur (comme on les aime) et les scènes d’action débridées et une excellente maitrise des images et des dialogues. Bref, même si on frôle parfois le mauvais goût, on est en face d’un excellent Tarantino qu’on regarde avec plaisir sans voir les 2h30 passer. (note : 4/5)
Chinatown
Ce film culte de Roman Polanski tourné en 1974 se passe dans le Los Angeles des années 30 où Jack Nicholson joue le rôle d’un détective privé qui s’obstine à mener une enquête aux ramifications inattendues. Dans la vraie tradition des films noirs, Chinatown nous plonge rapidement dans une étrange énigme où chaque personnage semble avoir un jeu à cacher. Les cartes s’abattent petit à petit jusqu’à la scène finale qui nous rappelle que Hollywood (même si c’est Polanski) n’a pas toujours produit des contes de fées où on s’embrasse à la fin. Superbe (note : 4/5)
L’Affaire Kravtchenko
Nina Berberova faisait partie des écrivains et journalistes qui ont couvert le célèbre procès Kravtchenko qui, en 1949, a opposé un ancien haut fonctionnaire soviétique qui « est passé à l’Ouest » (Viktor Kravtchenko) à la revue communiste Les Letres Françaises. Kravtechenko, auteur d’un livre J’Ai Choisi La Liberté où il raconte la réalité du régime soviétique telle qu’il l’a vécue (le Parti, les purges, les camps, etc.) avait assigné la revue communiste pour diffamation après que celle ci eu publié plusieurs articles traitant l’auteur de menteur, traître et autre épithètes du même calibre. D’un simple procès en diffamation, le Tribunal parisien est devenu une tribune où il s’agissait de prouver que l’Union Soviétique était la dicature que décrivait le dissident alors que les communistes français (dont des prix Nobel et des députés), fidèles à la ligne du Parti, clamaient haut et fort que les millions de soviétiques étaient les plus heureux du monde. Nina Berberova raconte ce procès comme elle l’a vécue en tant qu’émigrée et journaliste russe, consternée par l’aveuglement et les mensonges de la défense, avec un parti pris mais une efficacité certaine.
Le fait historique (et le dégoût que suscitent les communistes français de l’époque) ainsi que le livre de Kravtchenko dont il est question (et dont la lecture est antérieure à l’existence de ce blog), valent sans aucun doute le détour. (note : 4/5)
The Chaser
Nous sommes à Séoul, un ancien flic reconverti en proxénète voit ses filles disparaître. D’un soupçon de fuite, il va vite découvrir qu’un psychopathe est derrière ces disparitions. Si les masques sont jetés dès la première demi-heure (ce qui va à l’encontre des règles des films de suspens habituels), le jeu psychologique du chat et la souris et les courses poursuites (à pied) sont terriblement efficaces. La violence simple et débridée (à l’asiatique) finit par en faire un film bouleversant (dans l’esprit des films de Park Chen-wook, Sympathy for Mr Vengeance, …). (note : 4/5, déconseillé aux âmes sensibles).
Gran Torino
Clint Eastwood est encore là à 79 ans, 1 an après l’Echange, 2 ans après Lettres d’Iwo Jima, et la liste est encore longue. Mais cette fois-ci, l’acteur réalisateur est loin des fresques historiques et sociales et (se) livre un film sur mesure, limité dans l’espace (un quartier) et recroquevillé sur son héros (Clint en personne) et son passé pendant la guerre de Corée qu’il a du mal à oublier. Si cet espace restreint démontre à nouveau le génie de l’acteur (quelqu’un en doutait-il encore?), l’histoire d’un retraité raciste qui a perdu sa femme et qui se lie de manière inattendue avec ses voisins asiatiques qu’il méprisait tant en début du film reste limitée dans sa portée cinématographique. Une belle démonstration de talent mais décevante pour un Clint Eastwood. (note : 3/5)
Love & Pop
Le dernier Murakami (Ryu, pas Haruki) aborde encore une fois le thème cher à l’auteur : la décadence de la société japonaise en apparence très normée mais dont les soupapes résident (entre autres) dans des formes de prostitution extrêmes. Si le thème des jeunes lycéennes qui offrent leurs services pour se payer un sac Vuitton est d’actualité, son traitement dans ce court roman est d’une facilité déconcertante. Une fois qu’on élimine tous ces passages qui reproduisent des extraits d’émissions de radios ou de télé, il ne reste pas grand chose du roman. Et ce pas grand chose, même s’il arrive par moment à faire ressentir la violence latente qui se cache derrière ces clubs de rencontre téléphoniques, on reste déçus par l’ensemble très en deçà de l’intensité dramatique de ses chefs d’oeuvre précédents (Bébés de la consigne automatique, trilogie des monologues sur le plaisir, etc.) (note : 1/5)
Gloss
Gloss (ou Glyanets), dernier film d’Andrei Konchalovsky (frère de Nikita Mikhalkov), dépeint la Russie moderne des oligarques, des paillettes, de l’argent qui coule à flot et de la femme marchandise. Ce monde est vu à travers le regard fasciné d’une provinciale originaire de Rostov qui rêve de monter à Moscou pour devenir une starlette des magazines. Après des petits boulots et plusieurs humiliations, elle finit par faire part de ce monde superficiel. Si l’approche est intéressante, le film survole les clichés et sombre vite dans la facilité et l’étalage de la chaire humaine. Les moments de drame y sont pathétiques et ceux d’émotion inexistants… Quelques minutes après le générique de fin, il ne reste que des images de magnifiques créatures et le dégoût pour un univers où on peut acheter une femme pour 50 000 dollars. Dommage, un peu de profondeur aux personnages en aurait surement fait un excellent film. (note : 3/5)
Manu Dibango
Manu Dibango, à 76 ans, au Petit Journal Montparnasse le 28 janvier 2009. Entre reprises de Bechet, hommage au Duke et rythme afro-jazz, l’énergie est au rendez-vous. (note : 4/5)
Une Histoire Vraie
David Lynch, dans un de ses rares films contemplatifs, nous raconte l’histoire vraie d’un septuagénaire qui parcourt des centaines de kilomètres en tondeuse à gazon à travers l’Iowa pour retrouver son frère malade. Un voyage surprenant, magnifique et touchant d’authenticité et de lyrisme. A (re)voir. (note : 4/5)
Fados
Carlos Saura (réalisateur du célèbre Cria Cuervos) revient avec un film/documentaire sur le monde du Fado, une musique née dans les docks de Lisbonne au XIX siècle et que l’empire portugais a diffusé du Mozambique au Brésil. Si le « s » du titre fait référence aux multiples facettes contemporaines de cette musique, le film se contente d’un alignement de chansons (dont la plupart est tournée en studio!) et peine à nous raconter l’histoire vagabonde de cette musique mélancolique. Malgré des chants menés par les meilleurs « fadistas » du monde, on est déçu par la facilité d’une telle « compilation ». Avec peu d’efforts supplémentaires, Carlos Saura aurait pu, en plus de nous enchanter les oreilles, nous raconter une belle histoire. (note : 2/5).