La dernière création du dramaturge/metteur en scène et acteur libano-canadien Wajdi Mouawad a l’effet d’une bombe. Unique acteur d’une pièce qu’il a écrite et qu’il a mise en scène, Wajdi nous emmène dans un voyage intime où plusieurs thèmes s’entremêlent : celui du coma comme espace de communication et de création et non pas de silence et de solitude, celui de la langue maternelle comme dernier refuge de la conscience et celui du fils prodigue, la parabole mais aussi son interprétation par Rembrandt dans son célèbre tableau exposé à l’Ermitage à Saint-Petersbourg.
Tous ces thèmes explorés dans une discussion entre Wajdi, lui-même et des personnages imaginaires sont autant de pistes ou de moyens pour explorer ce conflit entre ce qu’on est et ce qu’on a voulu être, entre le présent réel et celui hypothétique si le passé s’était prolongé sans rupture. On retrouve les thèmes de l’exil et de l’identité perdue chers à Wajdi Mouawad sauf qu’il va encore plus loin cette fois en se posant la question ultime : au delà du changement d’espace et de langue signifié par l’exil, que se cache-t-il d’autre ? Dans le cas de Wajdi, il se cache un artiste dont le devenir se réalise brutalement dans la deuxième partie de la pièce, une brutalité qui ressemble à une sortie du cocon du quotidien, à une naissance d’un adulte à partir des rêves d’enfance. Splendide. (note : 5/5)
Pour prolonger le plaisir, une interview avec Wajdi Mouawad en marge du Festival d’Avignon en juillet 2008.