Ironie du sort

Ironie du sort (« Ironiya Sudby ili S Legkim Parom » d’Eldar Ryazanov) est une de ces merveilles du cinéma soviétique (1975) ou on chante, on pleure, on rit, tout ça en même temps comme savent si bien faire les russes. Dans une subtile dérision du développement soviétique qui consistait à planter des barres d’immeubles et donner le même nom d’avenues dans tout le pays, le film raconte l’histoire d’un moscovite qui, après le rituel du banya et une cuite mémorable, se retrouve embarqué dans un avion pour Leningrad (St-Petersbourg) à la place d’un ami… Sur place, il se rend à son adresse où il trouve la même barre d’immeuble, le même appartement mais une femme différente… Les trois heures qui suivent passent à une vitesse vertigineuse entre drames, rires et chansonnettes à la guitare. Un film comme on n’en fait plus (note 5/5).

L’IMA et les Phéniciens

L’Institut du Monde Arabe à Paris organise jusqu’au 20 avril 2008 une exposition sur les Phéniciens. L’idée est excellente, le thème est passionnant mais… l’IMA m’a confirmé encore une fois qu’en dehors du tapage médiatique, leurs expositions sont à éviter coute que coute. En effet, après l’exposition sur les Pharaons en 2005 qui était une gigantesque supercherie où on se bousculait dans un espace confiné et mal éclairé pour tenter d’apercevoir des pièces venant de la galerie égyptienne du Louvre (la galerie du Louvre étant, vous l’aurez compris, incomparablement plus fournie et plus agréable à visiter), je m’étais promis de ne plus jamais mettre les pieds à l’IMA. Je m’étais ensuite laissé tenté par l’Orient des photographes arméniens (voir post du 1 avril 2007) qui m’a réconcilé avec les lieux. Mais je viens de comprendre qu’il est assez facile de réussir une expositions de photographie quand il s’agit de simple accrochage, en revanche, il est plus compliqué de traiter un thème historique plus complexe quand il s’agit d’aborder les spécificités d’un peuple avec son histoire et sa culture.
Revenons aux Phéniciens. Nous sommes toujours dans les mêmes lieux mal éclairés, les pièces sont encore en désordre, les vidéos confinées dans des couloirs ou à peine 5 personnes peuvent se faufiler en même temps, l’aperçu historique proche du néant. On parcourt une succession d’objets (dont certains sont splendides) mais on reste sur cette frustration de ne rien comprendre, parce qu’on oublie de nous raconter une histoire. Et les expositions sont bien faites pour ça pourtant ? (note : 1/5)

My Blueberry Nights

My Blueberry Nights fait revivre un genre de films qui malheureusement se fait rare : la réalité brutale du monde regardée avec une sensibilité exacerbée, dans une ambiance « zen » et avec un brin d’onirisme qui rappelle qu’il y encore des choses qu’on fait avec le cœur. Wong Kar-Wai a du génie, Norah Jones est splendide et nous n’avons qu’un regret, c’est que le film soit déjà fini. (note : 4/5).

La nuit nous appartient

La Russie est décidément à l’honneur en ce moment : après le dernier Cronenberg (cf. Eastern Promises) et, un moins caricatural, l’emprisonnement de Kasparov et les élections législatives à la régularité douteuse, la mafia russe new-yorkaise est à l’honneur dans le dernier James Gray. Dans une ambiance années 80, le sujet bien qu’habituel est traité avec une telle perfection qu’on ne peut que se laisser entrainer par le rythme de ce policier bien ficelé. (note : 3/5)

Roméo & Juliette

On peut voir à trois reprises l’adaptation de Roméo & Juliette de Preljocaj et en ressortir à chaque fois époustouflés. Le mélange Preljocaj (pour la chorégraphie surpenante)/Bilal (pour les décors et les costumes)/Prokoviev (pour la musique) a quelque chose de magique. On oublie qu’on a déjà vu/entendu cette histoire un nombre incalculable de fois et on se laisse emporter dans un monde totalitaire où la danse sensuelle des deux amants représente le seul espoir. Magnifique. (note : 5/5)

Lunar Park

Dans son dernier roman, Bret Easton Ellis se met en scène dans un univers inquiétant où les monstres qu’il a crées dans ses précédents romans resurgissent pour hanter l’écrivain paisible. La banlieue résidentielles chic commence à se déformer sous les regards angoissés et hallucinés de l’auteur/héros et ressemble de plus en plus à ces décors de films d’horreurs qu’il sait si bien créer. Avec une intrigue plus subtile que ces précédents romans (mais sans toutefois faire de concessions sur son style cru aux limites du gore), il réussit encore une fois à nous étonner. Surprenant. (note : 4/5)