Preljocaj/McGregor : les deux extrêmes

A l’Opéra Garnier se joue un dyptique de deux ballets de 40 minutes : Le Songe de Médée de Preljocaj et Genus de McGregor.

Le Songe de Médée est encore une manifestation du « beau Preljocaj »… c’est un beau sensuel, légèrement érotique, léger et coloré, avec une pointe de violence humaine et toujours surprenant de créativité. Preljocaj met en scène le mythe de Médée ponctué d’érotisme et de vengeance. Spectacle époustouflant qui traduit tout le talent du chorégraphe (note : 5/5).

Genus est un spectacle surprenant… de manque de talent et son inutilité esthétique… une musique électronique sans saveur, des costumes noirs et blancs horribles, des danses saccadées entrecoupées de vidéos stroboscopiques d’animaux et de fœtus. Après l’étonnement vient l’ennui, on a passé un mauvais moment, on est triste de voir cette horreur succéder à la magie Preljocaj. (note : 0/5)

How Nancy… de Rabih Mroué

Dans How Nancy wished that everything was an april fool’s joke, Rabih Mroué raconte l’absurdité de la guerre libanaise par 4 personnages coincés dans un canapé pendant toute la pièce, sans doute à l’image de toutes ces communités libanaises coincées dans un même pays et dont la seule issue est de s’entendre. Toujours immobiles, les acteurs racontent l’histoires de protagonistes qui n’arrêtent pas de mourir et réscussiter après chaque mort pour poursuivre leur comportement absurde. Mise en scène intéressante mais un peu répétitif et « technique » pour des néophytes à la guerre civile libanaise entre 1975 et 1989. (note : 3/5)

Aznavour, au passé

Charles Aznavour, 83 ans, se reproduit pendant un mois au Palais des congrès à Paris… Mais le temps est impitoybale et malgré toute l’énergie qu’il y met, la voix tremblote, le rythme est faux, les cris sont des soupirs, les mots de désagrègent et les chansons se transforment en poèmes. Il faut savoir s’arrêter mais la scène doit être grisante, et il sourit lui-même de ses erreurs dans les textes. Mais le publique ne lui tient pas rigueur, tout lemonde applaudit, sans doute la mémoire et le mythe et non pas la prestation qui en est indigne.

Roméo & Juliette / Sasha Waltz

Sasha Waltz fait vivre le Roméo & Juliette de Hector Berlioz dans une chorégraphie moderne qui utilise tout l’espace de l’Opéra Bastille à Paris. Sous une direction musicale de Valery Gergiev (directeur du Mariinsky de St-Petersbourg), les danseurs évoluent dans un décor minimaliste évoquant un livre géant qui s’ouvre au fur et à mesure que le piège du destin se renferme. La tragédie est complète, l’émotion aussi. A voir. (note : 4/5)

Le Rocher de tanios

Le roman culte d’Amin Maalouf mérite bien sa renommée… et son auteur celle de conteur. Le récit nous projète dans la montagne libanaise du XIX siècle et ses intrigues locales au milieu de bouleversements régionaux qui mettaient face à face les grande puissances occidentales et les empires orientaux de l’époque. L’imaginaire de l’auteur fait revivre les personnages hauts en couleurs… Le temps de quelques pages, c’est comme si on y était. A découvrir. (note : 9/10)

Sicko

Michael Moore revient dans un documentaire explosif où il montre comment le système de santé américain est devenu des plus inégalitaire qui soit (plus de profit aux compagnie d’assurance, moins de soins) comparé à celui qu’on peut attendre d’une grande nation. Avec humour et des témoignages chocs, il visite le Canada, la Grande-Bretagne et la France pour finir chez l’ennemi juré des américains : Cuba… avec une même conclusion : pourquoi le système de soins universel qui fonctionne partout ailleurs n’est pas mis en place dans la plus grande nation du monde ?… A voir (note : 9/10).

Grindhouse: Planet Terror

Le deuxième volet de la saga Grindhouse initiée par Death Proof de Tarantino nous ramène dans le monde des zombies et des gentils qui essayent de lutter contre les forces du mal…Sexy, gore et drôle, autant d’attributs mélangés subtilement et avec humour par Robert Rodriguez dans un film explosif et, bien sûr, au nième degré. (note : 7/10).

Vodka-Cola

Le roman Vodka-Cola d’Irina Denejkina nous emmène dans le coeur de la jeunesse russe de St-Pétersbourg… discours cru, jeunesse désabusée qui consomme loin de toute échelle de valeur. Les thèmes (sex, drogue et rock’n’roll) nous font penser à l’Amérique des Doors sauf que cette génération que décrit Denejkina n’est ni en révolte ni porteuse d’espoir… elle s’ennuie dans le libéralisme brutal qui a succédé à l’URSS… Roman décevant d’absence de message mais peut être le vrai reflet d’une génération ? (note 6/10)

Boarding Gate

Après plusieurs années de boycott total du cinéma français (manque d’originalité peut être ?), j’ai pensé que la réconciliation se ferait pendant le dernier film d’Olivier Assayas, Boarding Gate. Sur le papier, tous les ingrédients d’un bon thriller étaient là : casting international, action entre Paris et Hong Kong, histoire mêlant un businessman déchu, une créature soumise et machiavélique et un gang chinois véreux, etc.
Mais le suspens s’arrête là… dialogues plats et prétentieux, mise en scène banale, intrigue pitoyable, plans qui s’enchaînent sans queue ni tête, personnages sans aucune épaisseur. Bref, une belle illustration de ce que le cinéma français ne sait plus faire (malgré un casting international)… un film qui tienne en haleine! A éviter à tout prix (note : 0/10)

Caramel

Caramel met en scène 5 femmes qui se croisent régulièrement dans un institut de beauté à Beyrouth… Légèreté et finesse pour ce film drôle, touchant et sans prétention qui effleure les réalités et tabous de la femme libanaise (adultère, homosexualité, virginité). (note 7/10)